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Gangstérisme

Ben Boulaïd, janvier 1955. « PC d’El-Hara, fin janvier 1955. Bachir Chihani vient de recevoir la lettre que lui a envoyée Mostefa [Ben Boulaïd]. On devrait plutôt dire rapport. Il en fait la lecture devant Abbas Laghrour, Adjel Adjoul, Omar Ben Boulaïd (frère de Mostefa), Messaoud Belaggoune, Ali Benchaiba, Mostefa Boucetta et Bicha Djoudi. Dans ce rapport, Mostefa écrit que la situation dans les Nememcha jusqu’à la frontière tunisienne n’est guère brillante. « Des algériens, dit-il, qui ont participé en Tunisie au combat anticolonial en même temps que leurs frères tunisiens, sont retournés au pays après leur démobilisation. Ils sèment la terreur au sein des populations. Chacun s’est arrogé le titre ronflant de commandant de l’ALN et impose à loisir les civils, quitte à égorger sans merci ceux qui ne paient pas. Il y a danger que l’image de l’ALN soit ternie et que la population se braque contre nous. Il est donc urgent que tu te déplaces sur les lieux et que tu y mettes de l’ordre ». (1).

Boudghène, juillet 1959. « Notre Algérie va échouer entre les mains des colonels, autant dire des analphabètes. J’ai observé, chez le plus grand nombre d’entre eux, une tendance aux méthodes fascistes. Ils rêvent tous d’être des « Sultans » au pouvoir absolu. Derrière leurs querelles [Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobbal],  j’aperçois un grave danger pour l’Algérie indépendante. Ils n’ont aucune notion de la démocratie, de la liberté, de l’égalité entre les citoyens. Ils conservent du commandement qu’ils exercent le goût du pouvoir et de l’autoritarisme. Que deviendra l’Algérie entre leurs mains ? Il faut que tu fasses quelque chose pendant qu’il est encore temps. Notre peuple est menacé. » Colonel Boudghène dit Lotfi à Ferhat Abbas. (2).

Bibliographie :

  1. Mohamed Larbi Madaci : Les Tamiseurs du sable, Aurès-Nememcha 1954-1959,  ANEP 2001.
  2. Ferhat Abbas : Autopsie d’une guerre, Editions Garnier 1980