Encore du pétrole.

Il y a 64 ans, le 14 juillet 1958, Paul Hentic, capitaine du 11è Choc, l’unité parachutiste d’élite du SDECE, acheva avec succès "l'Opération Olivier", nom de code donné au "général" Mohammed Bellounis. Cette mission, commencée en novembre 1956, faisait suite à "l'Opération Force K.", éventée en septembre de la même année. La "Force K." était une armée d’environ 1 500 kabyles créée puis financée et armée sur instructions de Jacques Soustelle et Henry-Paul Eydoux. Son entrainement aux techniques de combat fut confié d'abord au capitaine Benedetti du Service de Renseignement Opérationnel (SRO) de mai 1955 à mai 1956 puis au capitaine Paul Hentic de mai 1956 à fin août 1956. Sa fin de mission coïncide avec la clôture des travaux du "Congrès" de la Soummam et la création de la wilaya 6 confiée au "colonel" Ali Mellah accompagné de 139 kabyles. Le gros d’entre eux était formé par le capitaine Paul Hentic." La feuille de route de Mellah était la liquidation physique du "général" Bellounis et des formations qui se réclamaient encore de Messali Hadj tels les groupes de Ziane Achour et de Boucherit. A cette date, cette région avait acquis une importance capitale. En janvier 1956, les français avaient découvert un gisement de pétrole aux réserves considérables près d'Aïn-Amenas. Cette heureuse découverte fut suivie de neuf forages entre juin et décembre, tous réussi : Hassi-Messaoud puis Tiguentourine (juillet) et Hassi Rmel (décembre) pour les plus importants.

 Le 7 novembre 1956, sur dénonciation, le légendaire Ziane Achour est blessé dans un accrochage au creux d’un oued par surprise. Quelques jours plus tard, éloigné de ses hommes, il fut achevé dans de troublantes conditions. Ses attaques perturbaient sérieusement les travaux des sociétés pétrolières. Son élimination devenait urgente pour faire avancer les travaux de pose des tuyaux de transport de pétrole et de gaz. En outre, le deal conclu entre le « général » Bellounis et les autorités coloniales devenait encombrant : à son tour, il fut liquidé le 14 juillet 1958. A partir  de cette date, le FLN-ALN assura la paix aux personnels et infrastructures des entreprises pétrolières, aux chantiers, aux stations de pompage, à l’oléoduc provisoire Hassi-Messaoud-Touggourt (170km), aux wagons-citernes qui empruntaient la voie ferrée Touggourt-Skikda et à bord desquels furent chargés 1 065 000 tonnes de pétrole brut entre le 03 mars 1958 et le 09 mai 1960 sans le moindre pépin, aux pipelines (Edjlah—Gabes) et Hassi-Messaoud—Bejaia (660 km), l’oléoduc El-Gassi—Erg-El-Agreb—Hassi-Messaoud (120 km), l'oléoduc Ohanet—Hassi-Messaoud (550 km), le gazoduc Hassi-Rmel—Arzew (505 km) L'oléoduc In-Amenas—Skhira (775 km). Paul Delouvrier, Délégué général du gouvernement en Algérie entre décembre 1958 et novembre 1960, dit qu’il a graissé la patte aux dirigeants du FLN-ALN pour que les travaux de forage, d’exploitation et de transport de pétrole et de gaz ne soient pas perturbés. C’est peut-être ce qui explique le flegme des moudjahidines, occupés à s’entretuer. P. Delouvrier n’a peut-être pas menti. Il n’avait aucun intérêt à le faire au crépuscule de sa vie. Après tout, dans « Le FLN Mirage et réalité » en pages 213-214, Mohammed Harbi nous apprend que les dirigeants du FLN-ALN avaient autorisé des algériens à participer à la construction des lignes Morice et Challe à la condition que ces malheureux ouvriers versent une quote-part de leurs maigres salaires à la « révolution ». Et tant pis si les barrages électrifiés allaient bientôt étouffer les maquisards de l’intérieur et faire passer les chefs militaires pour des débiles. Contre de l’argent, ils acceptaient même de couper la branche sur laquelle ils étaient assis ! 

Angle mort  le 14 juillet 2022     

Angle mort le 14 juillet 2022

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