Morceaux choisis

Saïd Bouteflika, ancien conseiller auprès du président de la république, au Tribunal criminel de Dar El-Baïda :

“Je détiens des secrets d’État, et si un jour je les divulgue, les fondements de l’État seront ébranlés. Je préfère garder le silence”. Liberté-dz 13 octobre 2021.

Abdelmadjid Chikhi, Conseiller chargé des archives et de la mémoire auprès de la présidence de la République :  

« Nos archives nationales sont très sensibles et ne sont pas communicables au risque de provoquer le chaos dans le pays. Certains me reprochent de ne pas rendre consultables certaines archives sensibles. J’ai donné des directives pour que les noms des personnes et des lieux soient supprimés des documents en question pour ne pas toucher aux personnes physiques ». El-Watan 06 avril 2021

Mohammed Harbi, historien, ancien membre du Bureau fédéral de la Fédération de France du FLN et ancien conseiller au Ministère des forces armées du GPRA : 

(…) si un historien s’empare de ces documents (archives), il va donner une autre idée de l’opinion algérienne face au FLN. En tout cas, je pense que ces archives sont explosives. Moi, j’ai été au ministère des Forces armées comme conseiller de Krim Belkacem, et je peux vous dire que les dossiers sont terribles. Le rapport à la population n’est pas du tout ce qu’on dit. Ce sont des archives qui donnent une idée tout à fait différente de la révolution. El Watan 26 mai 2011. El Watan 26 mai 2011 

Lorsque vous avez devant les yeux ces aveux d’hommes pas ordinaires, pas des gens loufoques ou des opposants aigris, bien au contraire, ce sont des personnes tout à fait sensées et qui ont longtemps et loyalement servi ce système bâti sur le faux, le pillage et la violence, un système fait par et pour une alliance naturelle entre psychopathes et sociopathes, vous réfléchissez à deux fois avant d’envisager une action pour le renverser. Pour protéger leurs secrets, ces bandes sont capables de la sauvagerie la plus invraisemblable. 

Quels sont ces secrets qui, s’ils sont rendus publics, pourraient ‟ébranler les fondements de l’Etat“, ‟provoquer le chaos dans le pays“ ? Que peuvent bien contenir de ‟terrible ces dossiers explosifs“ ? 

On voit régulièrement l’extrême brutalité avec laquelle réagissent les appareils répressifs d’un Etat comme la France contre les Gilets jaunes.  Cette violence ne s’explique pas par les secrets à préserver et à éviter que les fondements de l’Etat soient ébranlés ou que leur dévoilement plonge le pays dans le chaos mais par les intérêts que la classe sociale dominante doit protéger par les moyens les plus extrêmes lorsque la crise est telle qu’elle ne laisse pas d’autres choix possibles. Ce n’est pas notre cas. Les messages de Mohammed Harbi, Abdelmadjid Chikhi et Saïd Bouteflika indiquent des faits inavouables.

 

 


Angle-Mort, le 17 Octobre 2021